"La grammaire est une chanson douce"

Publié le par Bernard

La scène se passe dans un hopital où l'on soigne les mots:

Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue :
je t'aime
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps. Trois mots reliés chacun par un tuyau de plastique à un bocal plein de liquide.
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase. Il me sembla qu'elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, je t'aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pied.
Il la berça longtemps de tous ces mensonges qu'on raconte aux malades. Sur le front de Je t'aime, il posa un gant de toilette humecté d'eau fraîche.
- C'est un peu dur la nuit. Le jour, les autres mots viennent me tenir compagnie.
« Un peu fatiguée », « un peu dur », Je t'aime ne se plaignait qu'à moitié, elle ajoutait des « un peu » à toutes ses phrases.
- Ne parle plus. Repose-toi, tu nous as tant donné, reprends des forces, nous avons trop besoin de toi
Extrait du livre de Erik Orsenna "La grammaire est une chanson douce".

Trop mignon !

Publié dans Littérature

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M
Puisqu'on parle de grammaire, il est bizarre ce verbe 'aimer"....son passe n'est jamais simple, son present est toujours imparfait et son futur n'est que conditionnel...un peu complique cette grammaire?<br /> bisous
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