Le loup des steppes

Publié le par Bernard

C'est le propre des romans que l'on dit "initiatiques" de permettre à chacun de s'y reconnaitre, de s'identifier aux personnages. Celui-ci ne  déroge à la règle  ...  avec peut être encore plus d'intensité tant les situations dans lesquelles l'auteur place son personnage Harry, et les questionnements qu'ils lui prête sont en résonance avec les questions que chacun de nous se posent sur lui, sur sa vie, sur sa place dans le monde, sur son rapport aux autres. C'est soi-même que l'on rencontre à chaque détour de page !
Arrivé à la cinquantaine Harry, découvre qu'il n'a pas vécu et qu'il est même inadapté à la vie ordinaire ... Solitaire, il se décrit comme un loup des steppes. Il a toujours senti en lui-même deux personnalités : l'homme, civilisé, rangé, cultivé, et le loup qui représente tout ce qu'il y a d'animal en lui-même, ses désirs, ses instincts.
"En lui l'être humain et le loup ne cohabitaient pas paisiblement ...une haine fatale les opposait indéfectiblement et chacun d'eux vivaient uniquement aux dépends de l'autre. ". Harry vit et assume cette dualité de sa personnalité dans la souffrance. Souffrance "... d'une ame plongée dans les ténèbres ... volonté de passer par l'enfer, d'affronter le chaos, d'endurer le malheur jusqu'au bout.". Mais souffrance d'ou émerge un intense besoin de solitude, d'indépendance et de liberté.
"La solitude ... elle était glaciale, oh oui, mais elle était également paisible, merveilleusement paisible et  immense, comme l'espace froid et paisible dans lequel gravitent les astres."
"Cependant lorsqu'il se fut installé dans cette nouvelle liberté, Harry s'aperçut tout à coup que celle-ci représentait une mort. Le monde le laissait étrangement tranquille."
Des réflexions intéressantes:
Sur la bourgeoisie, définie comme voie moyenne entre la sainteté et la débauche. Le bourgeois est celui qui ne supporte pas l'absolu. Il essaie de trouver sa place entre les extrèmes, dans une zone médiane , tempérée et saine ... même s'il renonce pour celà à l'intensité existentielle et affective que procure une vie axée sur l'absolu et l'extrême.
Sur l'homme "qui n'est pas une création stable et durable... mais représente plutot une tentative et une transition. Il n'est rien d'autre q'une passerelle étroite, périlleuse entre la nature et l'esprit".
Notre héros est tenté par le suicide ... puis une rencontre l'amène à vivre la vie des gens ordinaires avec ses plaisirs simples. Cette expérience est pour lui un véritable chemin initiatique ou il renait: Rejeter la dualité que l'on voit en soi, accepter la multiplicité de sa personnalité puis ... mort symbolique ... épreuves .... le role de l'humour ... apprendre à rire de soi. Une belle leçon de vie ...

Publié dans Littérature

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